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RESILIENTES

PROJET EN COURS

 
Être femme et migrante c’est la double peine. On parle souvent de migrants et non de migrantes. Pourtant en France, 51% des immigrés sont des femmes. Et parmi ces milliers de personnes qui meurent chaque année en mer, il y a des femmes et des enfants. Elles s’appellent Adama, Hassanatou, Maïmouna, Djegnale, Mariama, Merveille … elles ne parlent pas la même langue mais leurs histoires se ressemblent. 
 
L’histoire commence dans le pays d’origine où elles sont victimes de toutes sortes de violences liées au fait qu’elles soient femmes. Des VIOLENCES psychologiques, physiques ou sexuelles : Mariages forcés, excision, abus sexuels, viols. 
 
En quittant leurs terres dans l’espoir d’une vie meilleure ces femmes ne savent pas qu’elles vont subir d’autres violences sur leurs parcours de voyageuses. Ce parcours qui peut durer plusieurs années. Certaines femmes ont parfois traversé jusqu’à 11 pays avant d’arriver en France. Et quand elles survivent et arrivent en France après avoir été secourues en mer, elles sont dans un état de grandes vulnérabilités
Durant ce long voyage, naissent souvent des bébés.
 
Une fois en France, elles doivent continuer à se battre pour être reconnue réfugiée pour ne pas être renvoyée dans leur pays d’origine. Les démarches administratives sont longues et pas simples. Cela demande  à replonger dans ce passé douloureux.
 
Dans le centre d’hébergement temporaire où elles vivent, elles tissent des amitiés même quand elles ne parlent pas la même langue.
Elles ne sont plus seules.
 
Cette série photo est le début d’un Femmage* à ces femmes survivantes.
 
Les premières photos ont été prises en juin 2023, dans une structure d’accueil de réfugiés basée en île de France. 
 
Dans ce projet, il ne s’agit pas de revenir sur l’histoire individuelle des femmes mais l’idée est d’évoquer leurs situations actuelles.
Ces femmes se battent, elles sont dignes, fortes et souriantes. Elles sont résilientes
 
*Femmage = Hommage rendu à une femme.
 

FAIRE UN DON POUR AIDER CES FEMMES

 
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Ramata 33 ans, guinéenne (Guinée Conakry) elle est arrivée en France en mai 2023, elle
ne peut pas encore demander l’asile car elle est en procédure Dublin.  Elle doit se rendre à la préfecture deux fois par mois. On ne sait pas encore la date de fin de la procédure de Dublin qu’elle vient de démarrer. Il lui reste encore 7-8 mois sans pouvoir demander l’asile et elle risque d’être renvoyé en Italie tous les mois.
 
Hassanatou et Ramata
 
 
Hassanatou , Guinéene (Guinée Conakry), 26 ans, elle est arrivée en France en janvier 2023.
Elle est en procédure Dublin* Italie (jusqu’au 9 août) donc il y a un risque de transfert vers elle
pays. Elle se rend deux fois par mois à la préfecture. Si pas de transfert, elle pourra déposer sa candidature pour une demande d’asile en France à partir du 10 août 2023.
 
Adama et Ibrahim. Adama est Guinéene (Guinée Conakry). Elle a 19 ans et est arrivée en France en août 2022.
Ibrahim est né le 24 février 2023 en France.
Adama a reçu un rejet de l’ofpra (Office Français des protections des réfugiés et apatrides).
Elle est en recours donc à la CNDA (cours nationale du droit d’asile) et est convoquée ce mois ci.
 
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 LA PROCÉDURE DUBLIN : La déshumanisation

Collage réalisé dans le cadre de la série Résilientes.

Un demandeur d’asile est une personne qui a fui des persécutions ou des craintes de persécutions dans son pays d’origine et qui demande à un autre état de le protéger car sa vie, sa sécurité ou sa liberté sont menacés en cas de retour dans son pays. Selon la procédure appelée « DUBLIN », un seul état européen est responsable de la demande d’asile d’une personne. L’objectif étant d’éviter qu’une personne sollicite l’asile dans différents pays de l’union européenne. L’état au sein duquel une personne demande l’asile pour la première fois sur le territoire Européen est celui qui est responsable de l’examen de la demande d’asile en fonction des critères liés à la situation du demandeur.

En France, lorsqu’un demandeur d’asile se présente au guichet de la préfecture, la totalité de ses empreintes digitales est relevée. Cette prise d’empreinte est obligatoire et les personnes y sont parfois forcées. Elle permet de vérifier si la personne n’a pas été identifiée dans un autre état de l’union européenne.  En cas de résultat positif la procédure Dublin est engagée. La personne risque d’être renvoyée dans un pays où elle ne souhaite pas vivre. Elles sont appelées les « Dubliné.e.s. Ce système ne permet pas à des personnes extrêmement fragilisées par des mois, voire des années d’errance de demander l’asile sereinement , sans vivre dans la peur d’être expulsées. Ces personnes restent dans une précarité sociale sans la possibilité d’avancer. Elles sont considérées comme indésirables alors qu’elles demandent l’asile. 

Ce système engendre une violation quasi systématique des droits des personnes en besoin de protection et il est injuste pour une partie des pays, ceux dits « de première entrée »

Mariama, Guinéenne (Guinée Conakry) 31ans. Elle est arrivée en France en janvier 2023, elle à été convoquée à l’ofpra (
Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides) le mois dernier et est donc en attente de la décision.
 
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TÉMOIGNAGE D’UNE ACCOMPAGNANTE DE FEMMES DEMANDEUSES D’ASILES

« Les femmes que j’accompagne sont convoquées 1 à deux fois par mois à la préfecture du département dont elles dépendent. À chaque convocation au bureau d’éloignement on leur dit d’apporter toutes leurs affaires et qu’elles seront renvoyées dans le pays d’où leur demande d’asile dépend c’est à dire le premier pays où une empreinte ou une demande d’asile a été enregistrée. Si elles manquent un rendez-vous, à cause des transports ou ne se réveillent pas ce jour-là (ce qui peut arriver lorsque l’on doit prendre des somnifère ou des anxiolytiques), la préfecture considère que la personne est en fuite. Dans ce cas, la femme en « fuite » ne peut pas demander l’asile pendant 18 mois au lieu de 6 et ne bénéficie plus de prise en charge financière, sociale et d’hébergement.

En fait on les jette à la rue, sans droits. Elles deviennent illégales. Elles ont donc toujours très peur de louper ces rendez-vous, c’est une angoisse constante. Surtout quand certaines ont vécu des traumatismes dans le pays en question. Malheureusement les recours fonctionnent de moins en moins. Les conditions sont strictes :

  • Prouver que le pays (où les empreintes ont été relevées) ne les a pas prises en charge
  • Prouver qu’elles ont été maltraitées
  • Avoir de la famille proche en France (conjoint ou enfant)
  • Avoir des problèmes médicaux importants qui ne sont pas soignés dans le premier pays d’accueil.

Il est difficile d’avoir des preuves quand on n’est pas parti avec l’idée qu’il faut garder des preuves. Le problème majeur avec les recours c’est que les délais de 6 mois recommence à 0 après la décision si c’est un rejet. De ce fait, certaines personnes se retrouvent bloquées en procédure Dublin pendant presque 1 an et à craindre un transfert à chaque convocation à la préfecture. C’est dur psychologiquement de se dire qu’on a fait tout ça pour repartir là-bas surtout que ça n’a forcément été évident de venir jusqu’en France. Ces femmes ne se sentent pas écoutées. Elles se sentent sans droits, infantilisées, non respectées.

Parfois ce temps d’attente est utilisé pour mettre en place un suivi psychologique et médical. Essayer de pas se soucier de l’entretien de demande d’asile et de pouvoir s’occuper de soi. D’un côté, c’est le temps nécessaire pour qu’elles aient la capacité de parler de ce qui est douloureux à se remémorer car très souvent quand elles arrivent, elles ne sont pas encore prêtes à parler de leurs souffrances. D’un autre côté, quand des médecins et psychologues/psychiatres les suivent depuis 6 mois, ces derniers ont la possibilité d’apporter des éléments aux dossiers de demandes d’asiles. Ces éléments permettent d’appuyer le récit.

Au-delà de la procédure administrative complexe il y a des conséquences psychologiques liées à ces procédures. C’est clairement de la maltraitance. Surtout que les femmes reviennent à chaque fois paniquées parce qu’à la préfecture on leur a dit : «la prochaine fois on vous transfert ». C’est invivable cette peur constante qui s’ajoute aux traumatismes qu’elles portent déjà sur leurs épaules. Elles ne sont pas des numéros, le Dublin c’est ça, un numéro en plus de leur numéro étranger appelé « AGDREF » qui est un numéro d’identification de la personne et qui sera leur numéro de carte de séjour par la suite.

Donc les décisions de transferts sont prises comme on piocherait une carte dans un jeu. On traite les personnes comme des dossiers. Elles ne sont pas des dossiers, mais des personnes avec des expériences, un savoir, un vécu parfois douloureux mais tout ça fait d’elles des personnes qui ont énormément à nous apprendre car elles connaissent bien plus de chose que ceux qui ne sont jamais sorti de leur cocon. Elles ont vu beaucoup plus de pays, de cultures, de fonctionnements, de mentalités etc… ce sont des expertes ! Elles n’ont pas visité des pays comme des touristes enfermés dans leurs hôtels, elles ont vu l’intérieur et souvent ce qu’il y a de plus dur à voir. La réalité du monde.

J’ai tellement d’admiration pour elles, elles ne se rendent pas compte de ce qu’elles sont. Elles n’ont pas conscience de cela parce qu’on leur fait croire qu’elles sont moins que nous qui sommes nées ici. Mais elles ont tellement à apporter en réalité ! La plupart d’entre elles sont désolées d’exister. C’est déjà un symptôme courant chez les femmes parce qu’en tant que femme on nous traite comme inférieures, mais pour elles c’est pire.

C’est la double peine ! »

Gala

Djegnale et fille Sarah (née en France en juin 2022). Djegnale  est une femme ivoirienne de 27 ans. Elle est arrivée en France en août 2017 et a été reconnue réfugiée en 2021. Aujourd’hui elle vit en résidence social (foyer) avec sa sœur mineur, (arrivée en France fin 2022) et son frère. Tous les 4 vivent ensemble dans une toute petite chambre.

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